Disparition d’Yvon Blanc, un de “ceux qui ont fait les Arcs”

 

 

Nous apprenons avec tristesse la disparition d’Yvon Blanc, un de ceux qui ont participé à la création et à la  renommée de la station des Arcs. Certains d’entre nous ont eu la joie de skier avec lui et de le rencontrer dans la station, nous ne l’oublierons pas et avons une pensée affectueuse pour sa famille.

Ci-dessous le texte écrit par sa nièce Claudie (paru dans le Dauphine Libéré).

YVON BLANC, hommage à un pionnier de l’aménagement en montagne

Yvon Blanc s’est éteint le 8 janvier dans son sommeil, chez lui à Bourg st Maurice, à l’âge de 86 ans. Natif d’Hauteville-Gondon, il était l’un des derniers pionniers de l’aménagement de la montagne en France. Aux côtés de son frère ainé Robert Blanc, disparu dans une avalanche en février 1980, et de ses plus jeunes frères Marcel et René, il a participé à la création et au développement des Arcs devenue la troisième plus importante station de ski dans le monde. Une réussite extraordinaire que Delphin, mort accidentellement lors d’une ascension en Maurienne en 1962, n’aura pas vue. Autre drame de la fratrie.

Pisteur et moniteur à Val d’Isère au début des années soixante, à son retour de la guerre d’Algérie, il est appelé par Marcel Gaimard, alors président de l’office de tourisme de Bourg st Maurice et du tout nouveau domaine de Courbaton pour en prendre la direction et lancer l’école de ski en 1966. A l’ouverture d’Arc 1600 l’hiver 1968-69, Roger Godino, président de la société des Montagnes de l’Arc et aménageur de la station, lui confiait la direction du domaine skiable dont il a effectué avec Robert les premières reconnaissances et tracés du réseau de pistes et remontées mécaniques. Ses équipes de pisteurs secouristes, mécaniciens, conducteurs de chenillettes, perchemen…, il en restait très fier et ne cachait pas qu’il avait eu à cœur de recruter en priorité des gens du pays, montagnards qui connaissaient parfaitement le site et l’environnement. Ils diront de lui qu’« il était un chef exemplaire ».

De son enfance dans les alpages de l’Arc à 2000 mètres d’altitude, petit berger de veaux qu’il fallait « surveiller comme des gamins », il a toujours gardé cette vigilance soucieuse dans l’exploitation complexe du domaine skiable tout au long de sa carrière. Impossible de quitter son poste avant d’être sûr que le dernier skieur était bien rentré chez lui sain et sauf en fin de journée.

Soucieux, il l’était toujours un peu, sans doute parce qu’il exigeait de tous et de lui-même d’abord un travail impeccable. Son air sérieux qu’interrompait un sourire franc marquait souvent une réflexion profonde… Il fallait inventer, voir loin, respecter la montagne, partager ces expériences inédites. Attentif aux évolutions de la station hiver comme été, il a créé la COMAG, une entreprise d’aménagement et d’entretien des espaces en montagne que dirigeront son frère René associé à Alain Anxionnaz, permettant ainsi à des saisonniers de bénéficier d’une activité et d’un revenu complémentaires. Conseiller municipal impliqué dans l’activité bouillonnante de la vaste commune de Bourg st Maurice les Arcs, engagée alors dans la construction du funiculaire, il est devenu maire délégué d’Hauteville-Gondon quelques années après leur fusion. Yvon inspirait le respect… et l’amitié. Il en avait beaucoup, des amis.

Retraité occupé, toujours un œil sur l’évolution des Arcs, rêve immense d’une vie modeste mais exceptionnelle, il prenait le temps de lire, beaucoup (« on n’avait pas de livres quand on était enfant, et ensuite j’étais trop pris »), de suivre assidument la Coupe du monde de ski, lui l’ancien compétiteur passionné, de refaire le bucheron aussi. Et de partir randonner en particulier avec son comparse Guy Rey-Millet, l’un des fameux architectes des Arcs, proche de Charlotte Perriand. Les décès de Guy et de plusieurs amis ces derniers mois l’avaient beaucoup affecté.

Yvon a souhaité une inhumation sans cérémonie ni hommages. Lui qui les aurait tant mérités ! Il cultivait la discrétion et ne cherchait pas les honneurs.

Yvette, sa femme, James, Laurette et Lionel ses enfants et leurs conjoints, ses six petits-enfants et ses cinq arrières-petits-enfants, ses frères Marcel et René et toute sa grande famille, ses nombreux amis et relations n’oublieront jamais sa force d’âme, l’homme d’honneur qu’il a été, droit, généreux et attentionné. Un patriarche s’en est allé sans faire de bruit… Il va manquer à la montagne. CBE

 

Une réponse à Disparition d’Yvon Blanc, un de “ceux qui ont fait les Arcs”

  • http://Philo%20Martial

    Très bel hommage de sa nièce Claudie.
    Pour les amoureux des Arcs il faut lire son livre “Rêve de BERGERS Robert Blanc et ses frères dans l’aventure de la création des Arcs” par Claudie Blanc-Eberhart- l’Edelweiss.
    Une belle page qui se tourne