3A donne la parole à Charlotte

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Mise à jour du 2 octobre 2022

Charlotte a publié un questionnaire pour mieux cerner ce qui vous motive pour revenir aux Arcs en tant que propriétaire (ou, mieux, habitant intermittent). N’hésitez pas à le remplir !

Voici son introduction : “Pour faire durer encore un peu plus longtemps le sentiment d’appartenir aux paysages de BSM les Arcs, faire un pas de plus vers la définition de ce que pourrait être un habitant intermittent = ni vraiment résident, ni non plus touriste d’une semaine … qu’est-ce qui vous attache à BSM les Arcs ? qu’est-ce qui fait que vous venez et revenez ? qu’est ce qui vous ferait revenir encore plus ! …”

Cliquez ici pour voir le questionnaire.

Quelle station connaitront nos enfants et petits-enfants en 2050 ? Si nous, propriétaires soucieux de l’avenir des Arcs, ne voulons pas que ce soit un quasi-désert, c’est maintenant qu’il nous faut agir pour qu’il en soit autrement. Charlotte a choisi 3A pour exposer sa nouvelle vision de l’avenir de notre station, que la « saison blanche » que vient de connaitre notre station lui a inspirée, pour ne pas dire imposée. Elle propose d’animer un groupe de réflexion sur ce thème, rejoignez-la si cette importante question vous préoccupe. N’hésitez pas en tout état de cause à exprimer vos réactions en laissant un commentaire à la fin de cet article.

 

Propriétaires aux Arcs, quels héritages allons-nous laisser aux enfants ?

Foutu pour foutu, profitons à fond du ski et des « parties » jusqu’au dernier flocon ? Ou alors, dans les changements climatiques et les adaptations de nos modes de vie… renouer, renforcer et tisser de génération en génération nos attachements à Bourg Saint Maurice Les Arcs ?

Prise de conscience, hiver 2020-2021 = un hiver d’amour sans fin.

À Noël 2019, j’avais parcouru un bout de hors-piste vers le refuge du Mont Pourri. Après le plaisir de la descente, je remontais à pied dans la neige profonde, il faisait super chaud, il y avait les rumeurs de la station : trop chaud, trop de monde. Je me demandais ce que je faisais là. Je me disais que c’était cool pour les enfants d’apprendre à skier… Puis je me disais à quoi bon, quand ils seront grands, il n’y aura plus de neige… Puis je me suis imaginé James (né en 2011, très mordu de ski) jeune adulte seul dans les immeubles de Charlotte Perriand en ruines, vivant en ermite, attendant la dernière chute de neige, vivant son wild à lui…

Noël 2020, alors que les enfants dormaient dans le train à peu près désert, nous avons préparé notre matériel de randonnée à skis et snowboards dans un carré. Le lendemain dans la matinée, nous sommes partis nous balader en randonnée. À la montée je tirais le matériel des enfants (planches, manteaux, luges, jeux, goûters, doudous…), dans l’après-midi nous redescendions en glissant le long des chemins forestiers. On a recommencé tous les jours des vacances d’hiver et tout le confinement au printemps. Plus de bruits d’automobiles, de remontées mécaniques, beaucoup moins de monde, mais beaucoup de rires, des oiseaux, lapins et écureuils… Puis les magasins ont été complètement fermés, sauf le Spar qui liquidait ses stocks, et nous étions encore là. Un printemps enneigé. Les enfants et moi, nous occupions nos journées en télétravail/école à distance, puis promenades dans la montagne. Les enfants jouaient aussi bien dans les couloirs que sur tout le long du front de neige, dans les bois, les bas des pistes délaissées. J’ai le sentiment que depuis cet incroyable hiver, nos attaches aux paysages, aux bâtiments, aux temps que l’on passe à Bourg Saint Maurice les Arcs sont plus profondes que le plaisir de dévaler une piste damée.

La réalité paradoxale d’un parc d’attractions, hiver 2021-2022 = ne m’appelez pas « touriste » !

À Noël 2021, la station de sports d’hiver est pleine à craquer, les remontées mécaniques tournent à plein, l’injonction à profiter de cette « colonie de vacances » est forte et claire. Pourtant j’ai l’impression de passer à côté de la fête… commerciale ? Dans la station « truesnowshow » (une mécanique à expériences qui se répète toutes les semaines, pour touristes venus frissonner une semaine) notre famille propriétaire d’un studio à Archeboc, Arcs 1800, depuis le début des années 2000 (mais familière des lieux et de son esprit depuis les années 80), est prise dans l’étau de la masse (les espaces et les temps libres se restreignent alors que le nombre d’individus augmente) et du prestige (les prix des forfaits augmentent, toutes les activités deviennent payantes, compliquées, objets de privilèges). Les efforts à verdir la station sont louables, mais ils sont déjà saturés… et que pèsent-ils à côté de l’aberration à faire venir des touristes fortunés en avion contre la promesse des dernières neiges ? Oui, si nous ne sommes pas contents, notre famille peut sortir de cette impossibilité touristique, en vendant l’appartement d’Archeboc pour aller nouer d’autres attaches de montagne… ailleurs dans un lieu de vacances habitable.

Et les hivers et toutes les saisons à venir ? Une opportunité originale pour se retrouver.

Alors que l’on a l’impression que les habitants à l’année envisagent la venue des vacanciers indifférenciés comme un moment intense de travail, de revenus et de désagréments multiples à passer… la conceptualisation binaire de la station des Arcs Saison Hors Saison/Touristes Résidents/Profitable Vivable est-elle durable ? Est-ce qu’elle est extensible à toutes les saisons ? Est-elle singulière aux Arcs ? De ce que notre famille a déjà vécu dans d’autres lieux de vacances ou pas, en montagne ou pas, en France ou pas, de manière récurrente ou pas… j’ai l’intuition que la problématique de « masstigeation »* du tourisme n’est pas propre aux Arcs. Forts de ce que nous avons expérimenté année après année aux Arcs, comment envisager la station demain de manière loyale avec l’esprit de sa création ? Comment envisager l’avenir des Arcs en prenant en compte la complexité de ses paysages, de ses bâtiments, de ce que l’on y a vécu ?

Nos perceptions des interstices entre les « ON et OFF » qui font la réalité de la station interdépendante de Bourg Saint Maurice, font de nous, propriétaires aux Arcs, des interprètes de premier ordre de ces complexités. Nos compréhensions intimes des opportunités qui se nichent dans ces interstices font de nous, propriétaires aux Arcs, des initiateurs de modes de vacances originales à développer localement. Nos intérêts émotionnels font de nous, propriétaires aux Arcs, les alliés des parents de la commune de Bourg Saint Maurice les Arcs, car nous voulons pour nos enfants beaucoup plus que des ruines de béton.

En conclusion, un statut et un rôle actif d’habitant intermittent.

J’aimerais proposer une alliance aux habitants de Bourg Saint Maurice les Arcs, pour ensemble constituer un collectif cohérent et suffisamment lourd pour préserver, fermer et ouvrir ce qui sera profitable aux enfants d’aujourd’hui, les adultes de 2050… en activant, au sein de l’association 3A, une culture d’habitants intermittents qui entretiennent, ménagent, défendent et inventent les Communs (ce à quoi nous sommes collectivement attachés, qui nous attache collectivement et qui ne pourrait pas être privatisé) d’aujourd’hui, fondements nécessaires à une prospérité à long terme.

Ce serait quoi être un habitant intermittent ? Dans la continuité de l’investissement financier dans la station touristique les Arcs,en faisant part de nos expériences personnelles et professionnelles en villes denses, constituer un groupe cohérent pour participer à l’échelle de la commune :

1. aux discussions sur le partage des espaces communs outdoor et indoor (par exemple le square d’enfant sur les parkings, ou le partage des chemins entre randonneurs et VTT, ou l’usage de la salle Taillefer)
2. à l’anticipation des enjeux climatiques et préservation de la biodiversité (en pratiquant des vacances sans voiture, en alertant sur toutes les pressions sur la faune et la flore même sonore ou lumineuse) ;
3. au dynamisme de l’écosystème des entrepreneurs de la commune (en assumant un rôle de bêta testeurs parti-prenants et bienveillants auprès des commerçants pour développer des offres de produits directs producteurs, ou des équipements d’outdoor de seconde main matériel, ou des offres de loisirs ou culturelles originales) ;
4. à la mutation des modes de pensées, de faire et de vie dans le bon sens et la bonne humeur !

Vous aimeriez qu’en 2050, les Arcs soient beaucoup plus qu’un tas de ruines ? Je propose qu’au sein de 3A, dont les fondateurs avaient déjà compris il y a 20 ans les enjeux pour nos stations en la nommant avec justesse Avenir et Animation des Arcs, nous fassions ensemble valoir un statut et un rôle actif d’habitant intermittent qui voit plus loin que ses spatules de ski !

Charlotte Le Gavrian.

Suggestion

Utilisez le htag #habitantsIntermittents dans vos communications sur ce sujet

*Masstige : mot-valise d’origine anglo-saxonne constitué sur la base des mots « mass » (masse) et « prestige » (prestige). Masstige désigne la commercialisation de produits de luxe et/ou hauts de gamme à des prix anormalement bas et donc plus accessibles à la masse des consommateurs.

 

Quelques références.

État des lieux montagne fin 2021
Constat économique partagé par l’ensemble des acteurs = se préparer au pire tant que le ciel est sans nuages
Surtourisme, la tentation de la privation démarketing, comptage dans les calanques
Redirection stratégique des territoires attachés au tourisme, de manière pragmatique, en prenant en compte les contraintes de l’anthropocène

 

4 Réponses à 3A donne la parole à Charlotte

  • Anne LEVY

    Bonjour Charlotte,

    Je vous remercie de votre analyse bien intentionnée mais un peu naïve me semble-t-il. Merci à 3A de vous donner la parole. Votre réflexion, qui fait évidemment appel à la puissance publique, est intéressante et digne de considération.
    Cependant, nous n’avons pas attendu un statut de résident intermittent pour passer depuis des décennies plusieurs mois par an aux Arcs, en saison et hors saison, à skis sous toutes ses formes (alpin, fond, rando, tout terrain ), à VTT autrefois, à pied toujours (rando et alpinisme). Nous payons des forfaits saison depuis des décennies également, pour une famille nombreuse. Nous sommes toujours venus hors saison, mai, juin, octobre, novembre. Nous avons voté longtemps aux ARCS, jusqu’à ce qu’un précédent édile nous explique qu’il ne comptait pas “faire la danse du ventre devant les électeurs”, lesquels n’avaient rien demandé !!! J’y ai travaillé pendant des jours à effectuer des interviews et rédiger des articles environnementaux grâce à l’excellente connexion internet de notre immeuble.
    Il est très possible de séjourner aux Arcs en dehors des périodes d’ouverture de la station, en confinement et hors confinement. Il suffit de s’organiser.
    Nos enfants ont pris racine sur les différents sites et hameaux du domaine et des versants. Ils paient également leurs forfaits saison. Nous comptons de nombreux amis locaux, aux Arcs, à Bourg-Saint-Maurice, à Séez, pas uniquement de résidents secondaires.
    Alors pourquoi ce besoin de toujours codifier, normer, réglementer ? De s’enregistrer auprès d’une autorité quelconque ?
    La prise en compte nouvelle des résidents secondaires par l’actuelle municipalité est un progrès notable, qui mérite bien entendu d’être accentuée. Qu’apporterait le statut de résident intermittent qui est déjà une réalité de fait ?
    Merci de votre attention.

    • A22NA Charlotte Coudamy le Gavrian

      Bonjour,
      merci de votre attention.
      Pour préciser mon propos, je réponds aux points de votre commentaire :

      1. « Qu’apporterait le statut d’habitant intermittent qui est déjà une réalité de fait ? » D’exister dans le mode de pensée des acteurs économiques et politiques qui organisent la transition de Bourg Saint Maurice les Arcs. Les membres de TroisA, tout autant que moi, on comprit en lisant les questionnaires adressés aux habitants de Bourg Saint Maurice les Arcs, que ce point de vue de visiteurs récurrents ou habitants intermittents n’est pas pris en compte. Lors d’échanges avec le maire Mr Desrues, j’ai ressenti son intérêt à entendre et faire exister dans les rouages de la commune ce point de vue. Donc oui, il y a des personnes qui vivent à Bourg Saint Maurice les Arcs de manière intermittente, mais non, cette réalité n’est pas prise en compte de fait dans l’organisation économique et sociale de la commune, et c’est ce que je propose de changer.

      2. Le « statut » d’habitants intermittents ici n’a aucune ambition ni nécessité à devenir légal. L’idée est d’affirmer une situation de fait (je séjourne régulièrement aux Arcs Bourg Saint Maurice, je sens que j’y habite) une position spécifique par rapport aux résidents et aux touristes qui ne viennent qu’une fois, pour aider, faire poids, sécuriser les innovations et orientations nécessaires. L’idée est de donner plus qu’un paiement de forfait ou de parking : du sens ?

      3. Une réalité de fait ? laquelle ? celle qui prévalait à la construction des Arcs ? ou celle que nous devons anticiper pour 2050 ? La station de ski Les Arcs existe grâce à l’implication de pionniers qui ont animé la culture du ski, qui ont participé à l’aventure du développement des équipements et de toute une industrie. L’énergie qui a tenu ces pionniers, les membres de l’association TroisA doit être une source d’inspiration pour définir ce que pourrait faire un habitant intermittent pour la commune Bourg Saint Maurice les Arcs dans son projet de transition, mais ne saurait suffire, si l’association de propriétaires ne participe pas à un re-questionnement.

      Aussi la “naïveté”, sur la possibilité de faire quelque chose ? Je pense que si les citoyens ne font rien, il ne se passe rien pour ce qui est commun, pour vivre ensemble = alors je préfère tenter, d’autant que du côté (d’une partie) de la mairie, des résidents il y a une attente.
      La “naïveté” de l’urgence à faire s’impliquer Aux Arcs ? il se trouve que le changement climatique s’accélèrent, et que les tensions économiques et sociales se radicalisent (cf La Clusaz et la possibilité de la Compagnie des Alpes de transformer les stations en un paquebot des cimes après le rachat de MMV) et que pour éviter les situations de conflits ma conviction est qu’il faut discuter, échanger, négocier, c’est long, fatiguant, peu gratifiant mais c’est ainsi que l’on grandit.

      J’espère que vous pourrez répondre au questionnaire à venir qui a pour objectif de nous faire réfléchir collectivement à ce qui nous attachent à BSM les Arcs !

  • A22R Emmanuel Jacquelin

    Bonjour Charlotte,
    Je partage vos avis et analyse et serais heureux d’échanger avec vous.
    Serez-vous sur place cet été ?
    Emmanuel
    emmanueljacquelin@free.fr

    • A22NA Charlotte Coudamy le Gavrian

      « Bonjour, merci beaucoup pour vos réactions et retours à cet appel : « Habitants Intermittents ». J’ai conscience de l’aspect gazeux de ce projet mais je sens qu’il y a une attente. Il est trop tôt pour s’exprimer sur la forme et le fond à donner à ce ressenti partagé, mais c’est maintenant qu’il serait opportun d’enquêter, écouter, observer ce qui nous attache à BSM les Arcs, nous qui n’y habitons pas à l’année mais qui y revenons souvent et pour certains depuis longtemps, afin de joindre nos énergies et envies aux résidents qui ont entamé un sacré chantier de transition écologique, économique et social.
      Dans ce sens, je propose d’envoyer aux personnes qui se sont signalée un questionnaire ouvert (type les attachements de Latour) et un doodle pour convenir d’un moment pour une première écoute partagée.
      Une question qui m’est souvent adressée = est ce que je viendrai aux Arcs cet été ? Non, ce n’est pas prévu ! Pourquoi ? Il me semble, et probablement que je me trompe, que pour le moment, BSM les Arcs en été n’est ni d’un accès et d’un séjour facile (sans voiture), ni une ouverture sur la vacance, l’évasion, l’aventure (trop urbain)… C’est bien pour cela que j’ai envie et besoin de m’investir dans ce projet : j’ai « besoin » des Arcs en hiver, comment inventer, avec les résidents et de manière collective, une manière d’y séjourner au printemps, en été et en automne (et en hiver sans neige) satisfaisante et soutenable ? »